« L’humanisme militant triomphe de l’horreur de la guerre, de la déportation et du racisme. »
Tel pourrait être le résumé de la vie de cette grande Dame de la Résistance, ardente et infatigable militante au service de la « France des Droits de l’Homme ».

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Violette MAURICE

Née Violette Laure MAURICE le 23 mars 1919 à 2h45 du matin
à Saint-Etienne Loire 42
Selon acte n°512

Décédée le 21 novembre 2008 à Saint-Etienne 42 Loire

 

 

Fondatrice du premier mouvement de Résistance créé à Saint-Etienne dès 1940

Elle vient au monde au lendemain de la Grande Guerre, d’un couple d’enseignants stéphanois. Elle reçoit, comme ses quatre sœurs, une éducation laïque liée aux valeurs de la République.

Jeune étudiante en Lettres à Lyon, elle n’a que 21 ans quand elle entre dans la Résistance dès l’automne 1940.

Dans sa famille, les idées de liberté et de respect des droits de l’homme « allaient de soi » ainsi qu’elle l’évoquera plus tard, dans ses témoignages auprès de lycéens. Elle se disait aussi fière d’être de cette « première Résistance » dont les membres étaient peu nombreux.

La guerre, le triomphe du nazisme et le défaitisme ambiant, suscite sa nature à la fois très combative et idéaliste. Elle se sent faite pour guerroyer ardemment en faveur d’une noble cause : regagner la Liberté contre l’oppresseur et le Régime de Vichy.

C’est ainsi qu’elle fonde en 1941, avec Claudius Volle et Denis Bonhomme, le mouvement et le journal 93, par référence à la Révolution française où, en 1793, il s’agissait de défendre la « patrie en danger » et mettre en œuvre la Liberté, l’Egalité et la Résistance à l’oppression (principes retenus dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1793).

Le Mouvement « 93 » est composé de jeunes et d’hommes plus âgés comme son père Robert MAURICE qui devient éditorialiste du journal  clandestin « 93 ». Les six numéros de cette publication sont diffusés à 25 000 exemplaires à Saint-Etienne.

 

Internée en camp de concentration, écrire des poèmes, devient alors son acte de Résistance.

Parmi ses souvenirs de ce combat clandestin, elle  parlera plus tard de son adhésion à Lyon, au réseau Mithridate ; le boycott du film antisémite Le Juif Süss qui provoqua dans les salles de Saint-Etienne et Lyon des mouvements de protestation ; la rencontre un peu méfiante avec Jean Moulin, alors inconnu.

Violette est arrêtée avec son père, dans leur maison « Le chasseur d’horizons », le 9 octobre 1943, puis internée à la prison Montluc et déportée à Ravensbrück puis le 3 mars 1945 à Mauthausen.

C'est en captivité qu'elle commence à écrire des poèmes.

Libérée par la Croix-Rouge Internationale le 22 avril 1945, après la convalescence d’une diphtérie contractée au camp et une lente réadaptation à la vie, elle retrouve Léon Boquin, lui aussi ancien déporté, qu’elle a connu avant la guerre aux Eclaireurs de France. Ils se marient en 1947. Et comme tous les déportés, ils veulent vivre, avoir des enfants, puis des petits-enfants… une façon de crier victoire sur leurs bourreaux.

Après la guerre, Violette demeure la femme combattante passionnée au service de l’humanisme. Elle devient conseillère municipale de 1945 à 1947 dans la municipalité du Dr Müller.

Elle est décorée de la Médaille de la Résistance en 1947. Elle se consacre, pendant vingt ans, à la Protection de l’Enfance Malheureuse, appuie le désir d’indépendance des Algériens, donne des cours de promotion sociale auprès d’adultes...

Membre de l’Association des Droits de l’Homme, elle devient présidente régionale de la LICRA (Lutte Contre le Racisme et l’Antisémitisme) de 1977 à 1983.

Toujours fidèle à ses amis de Résistance et Déportation, elle collabore aux associations comme l’ADIR et l’UNADIF.

A partir de 1984, elle se consacre à l’écriture, la poésie, mais aussi à transmettre son témoignage de résistante déportée.


http://www.memorial-loire.fr/article.php?page=temoignages

 

« Je porte mes amis des camps, comme un message »
(Incandescence de V. Maurice)

Témoigner est un acte difficile comme pour tous les déportés.

Avec force, dignité et pudeur, sans jamais évoquer les tortures qu’elle a subies, Violette Maurice porte son témoignage devant des lycéens dont certains se souviennent presque de chacune de ses paroles.

Il n’y avait pas le moindre bruit dans la classe » se souvient Claude Latta, professeur d’histoire au lycée de Montbrison.

On sentait qu’elle avait vécu des choses qui nous dépassaient, et comme tous les déportés, quelque chose d’incommunicable. Mais elle communiquait quand même.

 

« Je me souviens de nos amis
Demandant au seuil de la mort,
Si vous revenez, c’est promis,
Parlez de nous, parlez encore »

(V. Maurice)

 

Nous ne sommes pas prêts d’oublier le regard clair de Violette Maurice et la façon dont elle regardait les hommes et les choses, sans peur vis-à-vis des puissants du moment, lorsqu’elle avait affronté les SS ou lorsqu’elle avait défendu, bec et ongles, une jeune femme immigrée en passe d’être expulsée et embarquée dans un avion, avec tendresse pour les enfants qu’elle a défendus au sein des comités Alexis-Danan, avec confiance dans les capacités de la jeunesse.

Ce regard venait de loin, du pays de la Nuit et du Brouillard qu’elle avait connu et du pays de la Liberté qu’elle avait espéré, non pour elle – les survivants se sont souvent sentis  « coupables » d’être encore là – mais pour tous les autres et pour la France, sa patrie qu’elle n’imaginait pas sans la Liberté. (Claude Latta)

Voici un bref écho qui se veut un hommage à cette femme hors du commun, digne représentante des fiers et courageux « chevaliers » qui jettent toutes leurs forces dans un incessant et héroïque combat pour la liberté et la dignité due à chaque être humain, quel que soit l’enjeu de leur époque.

 

Merci à Claude Latta pour son témoignage qui m’a fait connaître cette dame exemplaire.

 

Sources documentaires :
-          Revue Village de Forez n° 115 – Centre social de Montbrison – témoignage de Claude Latta
-         
http://www.memorial-loire.fr/article.php?page=temoignages
-         
http://fr.wikipedia.org/wiki/Violette_Maurice

 

 


(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

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