Née privée de bras et de jambes, je ne suis peut-être qu’une partie de l’humain.
Mais qu’importe, si cette partie précisément est porteuse d’âme.
Qu’importe si ce petit corps peut faire plus grâce à ce manque,
qu’il n’aurait fait dans sa plénitude matérielle.

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Denise Marie Louise LEGRIX

Née le 16 mai 1910 à 4h du matin à Cahagnes Calvados 14
Selon acte n°16 – AD14 en ligne – 1895-1910 – vue 165/171

 Décédée le 25 août 2010 à Lisieux 14 Calvados

 

 

On l’aimera comme les autres !

La peinture, c’est le soleil de ma vie, la plus grande joie de mon existence !

Tout est Espoir !

Je me dois plus aux autres qu’à moi-même.

Fondatrice de l’association d’aide aux dysméliques en 1970

Une bâtisseuse volontaire, à l’esprit vif et conquérant

 

 

On l’aimera comme les autres !

Ce 16 mai 1910, chez les Legrix, c’est la consternation dans cette famille normande paysanne qui voit arriver son 3e enfant, sans bras ni jambes !

Ce bébé de 2 kg, a un embryon de cuisse gauche qui s’arrête avant le genou et à droite rien. En guise de bras, des moignons un peu plus longs à gauche qu’à droite.

Le vieux médecin console la pauvre maman : « Ne pleurez pas ! Voyez comme elle est potelée, comme elle a de la vitalité, cette mignonne ! Ne vous désespérez pas ! Souvent ces enfants « à part » sont « doués » d’une façon ou d’une autre. C’est peut-être celle-là qui vous donnera le plus de satisfaction dans vos vieux jours. »

En attendant, les visiteuses accourent comme pour un deuil !

Que ferez-vous d’une enfant pareille !

Quelle charge pour toute la vie !

Le papa de Denise déclare alors : On l’aimera comme les autres !

Une voisine à l’air sournoisement compatissant suggère : Vous la vendrez peut-être dans un cirque !

 

 

La peinture, c’est le soleil de ma vie, la plus grande joie de mon existence !

Plus tard, pour gagner beaucoup d’argent  et ne plus être à charge, Denise choisira de devenir cette femme-tronc que des forains exhibent dans les foires.

Faire la petite artiste sans mains qui peint foulards, cravates et toiles à longueur de journée lui permettra de s’acheter une remorque-camping. Une réussite matérielle dont elle est fière ! Mais à quel prix !

Après avoir connu un bref émoi sentimental de jeunesse, elle décide de rayer de sa vie amour, mariage et enfantement. Pour elle, c’est inimaginable d’être mère et ne pouvoir serrer son bébé dans ses bras !

Dès l’âge de 3 ans, à force de contorsions, elle parvient à se jucher sur un tabouret et malgré les « tu ne peux pas faire ça ! », cette débrouillarde conquiert chaque jour un peu de cette précieuse autonomie dont elle rêve.

Elle se déplace grâce à un parfaite maîtrise du centre de gravité de chaque partie de son corps. Pour manger, elle fait pivoter sa fourchette sur son moignon gauche par de légères contractions musculaires. Pour se déplacer, assise sans fixation sur une chaise droite, elle lui imprime un faible balancement, pivotant sur un pied, avançant les trois autres, puis pivotant sur un deuxième et ainsi de suite jusqu’à destination…

A propos de la peinture qui l’intéresse dès l’enfance :

C’est le soleil de ma vie ! La preuve vivante de la suprématie de l’esprit sur la matière.

Son style impressionniste évoque sensibilité, simplicité, raffinement…

Denise Legrix devient en 1965, l’un des premiers membres de l’Association des Artistes Peignant de la Bouche et du Pied (AAPBP).

 

Tout est Espoir !

Réussir ma vie, c’était d’abord vivre !

La seule réussite est celle de la vie intérieure.

Son 1er livre Née comme ça lui ouvre les portes du monde. Pour Denise Legrix c’est Un beau rêve !

Gratifié du Prix Albert Schweitzer en 1960, il est traduit en 7 langues.

Dès lors, protégée contre les difficultés de la vie, elle est submergée par le succès, journalistes, interviews, signatures…

Bien vite, elle est sollicitée pour donner des conférences partout en France et à l’étranger. Elle parle avec son cœur et au nom des handicapés. Elle devient une célébrité à New York, au Québec …

 

Je me dois plus aux autres qu’à moi-même.

Ce qui aurait pu être obstacle, m’a au contraire galvanisée…

Dieu aide. écrit Denise soutenue par la foi.

Transformer nos maux en charité, en amour fraternel, en œuvres d’art…

Invitée à dialoguer avec les détenus de la prison de Melun, elle déclare avec force que, dans la détention comme dans le handicap, demeure un espace de liberté et que c’est en lui qu’il faut vivre, libre intérieurement.

Ainsi née atteinte de dysmélie et très entourée par sa famille, elle acquiert une admirable autonomie et réussit à faire de la peinture un métier.

 

Fondatrice de l’association d’aide aux dysméliques en 1970

La guerre de 1939-1945 oblige la famille Legrix à un cruel exode loin de son village normand.

Au retour à la Libération, il faut réparer les dégâts de la maison en partie détruite et payer le menuisier : c’est Denise qui s’en acquitte, avec son pécule gagné sur les foires.

Étonnante de débrouillardise, elle monte seule par les escaliers pour porter à manger à son père alité.

Denise Legrix a 60 ans quand elle fonde en 1970 l’Association Nationale d’Entraide aux Enfants et Adultes dysméliques (ANEEAD) qui deviendra en 1997 l’Association Denise Legrix.

Le but est d’enseigner des techniques pour surmonter les épreuves du quotidien en apportant une aide pour développer des outils et aussi rassurer les parents.

Depuis toujours, alors que je ne pouvais pas recevoir mes informations en allant vers les choses, je me suis accoutumée à « ressentir l’âme des choses ».

 

 

Sources documentaires :
Ma Joie de vivre, croire, sourire, lutter
– Denise Legrix – société d’édition APBP

http://asso.denise.legrix.free.fr/index.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Denise_Legrix
https://www.reussirmavie.net/Denise-Legrix-elle-peignait-et-ecrivait-avec-sa-bouche_a1139.html

 

 

Une bâtisseuse volontaire, à l’esprit vif et conquérant

La terre du Taureau a donné à Denise Legrix l’amour de la nature et un appétit de vivre.

Cet ancrage terrien lui a permis aussi de gagner une incroyable autonomie en travaillant sans cesse sur son centre de gravité, à la façon des équilibristes.

C’est aussi le Taureau qui lui fait dire très tôt : je veux gagner beaucoup d’argent !

Le défi la stimule. Tant mieux !

Sans bras, ni jambes, tout acte ordinaire exige pour elle un effort et elle doit s’ingénier à trouver comment se débrouiller sans aide, pour manger, boire, se déplacer… (Vénus maîtresse Asc. en XII).

Habile, débrouillarde, vive, volontaire et pleine d’idées, ces atouts précieux vont permettre un exceptionnel chemin de vie.

Par la force de l’esprit et le soutien de la foi, elle fait merveille pour se construire par l’art (Vénus) et l’écriture (Mercure/Gémeaux). Elle se nourrit l’esprit par ses nombreux contacts avec une humanité souffrante.

Par cette influence Taureau, elle hérite d’une puissante énergie de « bâtisseuse de cathédrale » qui s’exprime avec l’esprit conquérant du Bélier, ardent à guerroyer pour aider les handicapés à se construire.

Son destin social est hors normes et avant-gardiste.

En effet, Denise Legrix trace un chemin inédit, révolutionnaire, pour l’avenir des autres humains atteints d’handicaps.

Finalement son exceptionnel parcours porte enseignement pour tout humain, quel qu’il soit.

De son corps démuni sort un témoignage impressionnant, au-delà des mots pour l’exprimer.

 

 

Hommage à Denise Legrix, lumière pour l’humanité,

entrée tout droit au Panthéon des bâtisseuses de cathédrales.

 

 

Merci à Renée pour ce signalement et le prêt du livre « Ma Joie de vivre »

 


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