Chanoine KIR
(né Félix Adrien KIR)
né le 22 janvier 1876 à 23 h (onze heures du soir) à Alise-Sainte-Reine 21 Côte-d’Or
selon acte n°7
décédé le 25 avril 1968 à Dijon Côte-d’Or 21
Exerçant son ministère de prêtre pendant 27 ans, c’est la défaite de 1940 qui lui ouvre la voie politique
Une légende raconte que la famille Kir a dû quitter sa terre d’origine, l’Alsace pour venir s’installer en Bourgogne en 1870. En réalité, on ne lui connaît pas d’ancêtres alsaciens et son ascendance est bien bourguignonne. C’est dans cette région que Félix Kir vient au monde le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine, en Côte-d’Or, où son père est perruquier. Félix Kir entre en quatrième au petit séminaire de Plombières-lès-Dijon puis est ordonné prêtre en 1901.
Pendant la Grande Guerre, il est mobilisé dans les services de santé.
Jusqu’en 1928, il est curé dans plusieurs localités du département de la Côte d’Or. En 1928, l’évêque le nomme directeur des œuvres et groupements d’hommes et des œuvres de presse. Installé à Dijon, il est nommé chanoine honoraire en 1931.
La Seconde Guerre mondiale permet au chanoine Kir de prendre des responsabilités publiques. Dans le contexte de la défaite française de juin 1940 bouleversant le pays, le maire de Dijon quitte la ville et c’est Félix Kir qui est nommé membre de la délégation municipale de Dijon le 16 juin 1940.
le chanoine Kir passager d’une moto Terrot
Résistant courageux, blessé dans un attentat, il échappe à la Gestapo en 1944
Il fait évader 5 000 prisonniers de guerre français du camp de Longvic près de Dijon. C’est ce qui lui vaut d’être arrêté par les Allemands et emprisonné d’octobre à décembre 1940. Relâché, il perd ses fonctions municipales. En 1943, il est à nouveau arrêté pendant deux jours. Son attitude patriote provoque l’hostilité des collaborateurs, si bien qu’en janvier 1944, un attentat est perpétré à son domicile. Blessé de plusieurs balles, il échappe à la Gestapo en quittant Dijon où il peut revenir le 11 septembre 1944, jour de la Libération de la ville.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1946, il est cité à l’ordre de l’armée.
Député-maire de Dijon de 1945 à 1968
En mai 1945, il est élu maire de Dijon et sera réélu à cette responsabilité jusqu’à son décès en 1968. Pendant cette même période, il est conseiller général de Côte-d’Or et député à l’Assemblée nationale.
Il est le doyen de l’Assemblée nationale de 1953 à 1967. C’est ce qui lui vaut de présider cette Assemblée.
Parmi ses réalisations, la ville de Dijon lui doit notamment le lac artificiel pour réguler les crues de l’Ouche et agrémenter la ville (nommé lac du chanoine Kir depuis 1965). Le maire de Dijon apprécie les jumelages si bien que pendant ses mandats la ville compte six jumelages avec des villes étrangères (Italie, USA, Allemagne, Maroc, URSS).
Monument au lac Kir de Dijon
Personnage haut en couleurs, humaniste original, au parler direct qui ne craint pas de faire hors normes
Un jour, il n’hésite pas à se coiffer d’un képi pour faire la circulation devant la mairie de Dijon.
Quand un député communiste l’interpelle sur sa foi, refusant qu’on puisse croire en Dieu sans jamais l’avoir vu, il rétorque : « Et mon cul, tu l’as pas vu, et pourtant il existe ! ».
Il est le dernier prêtre à porter la soutane sur les bancs et à la tribune de l’Assemblée nationale. A la tribune de cette Assemblée, il a un jour cette réplique : « Mes chers confrères, on m’accuse de retourner ma veste et pourtant, voyez, elle est noire des deux côtés ».
Un jour que le chanoine est invité aux abords de l’Assemblée nationale, le journaliste Jean Ferniot le croise et lui demande pourquoi une bouteille dépasse de son sac : « J’ignore ce qu’on va me servir, alors j’ai emporté du Montrachet ! » (source : « Et toque ! » de Laurent Mariotte et Marc Pasteger chez Albin Michel)
Donnant son nom au vin blanc-cassis, cher à sa région, il contribue à en faire un apéritif renommé
La Bourgogne, région vinicole réputée et productrice de cassis associe depuis longtemps le vin blanc et le cassis. La mairie le sert depuis des décennies à ses invités mais quand le chanoine devient maire il donne son nom à cet apéritif désormais mondialement connu.
Quand il se rend à l’Assemblée nationale, le chanoine Kir emporte dans son cabas, une bouteille de vin blanc et une de liqueur de cassis pour en offrir à ses compagnons de voyage.
En 1952, le chanoine Kir concède l’exclusivité du nom à la maison Lejay-Lagoute. Mais par considération pour les autres liquoristes de Dijon, il leur permet aussi d’utiliser son nom. Cela entraîne une bataille juridique qui se termine en 1992 par un arrêt de la cour de cassation réservant l’exclusivité du kir à la maison Lejay-Lagoute mais cet arrêt n’est pas appliqué.
En 1960, les cafés de Dijon créent le « Double K », en prévision de la rencontre du chanoine Kir avec Nikita Khrouchtchev à Moscou. Mais quand le premier secrétaire du PC de l’URSS, lors d’une visite officielle en France, vient à Dijon le 28 mars 1960 pour une rencontre avec son « ami » français, celle-ci ne peut avoir lieu : le chanoine en a été dissuadé par les plus hautes autorités religieuses catholiques. L’amitié du chanoine Kir avec le dirigeant soviétique lui vaut d’obtenir le désistement en sa faveur du candidat communiste au second tour des Législatives de 1962, alors qu’il est membre d’un parti de droite (Indépendants et Paysans). Sans ce désistement sa réélection n’était pas assurée.
Merci à Louis Devance pour son ouvrage "Le chanoine Kir L'invention d'une légende", Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2007, p. 308-313
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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