Une pionnière méconnue qui fonde les 1ers jardins ouvriers français à Sedan en 1893.

 

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Félicie HERVIEU
Née Marie Félicité BRIDOUX épouse HERVIEU dite…

Le 22 septembre 1840 à 4h du matin à Chémery-sur-Bar Ardennes 08
Selon acte n°18 transmis aimablement par les AD08

 


Jardins familiaux de Versailles -  Source : Wikipédia

 

Oubliée de l’histoire, au profit de l’abbé-député Lemire

Dans son village natal, chaque famille a son jardin

Sortir les ouvriers de la misère grâce au potager

Le contexte économique et social la pousse à démissionner

Organisatrice au service des plus démunis

 

 

Oubliée de l’histoire, au profit de l’abbé-député Lemire

Plutôt que distribuer l’aumône, Félicie Hervieu expérimente sur le terrain des modes d’assistance aux familles ouvrières confrontées à des conditions de vie très dures.

Ainsi au printemps 1893, cette pionnière fait sortir de terre les premiers jardins ouvriers de France mis à disposition de 27 familles sur une superficie de 14.000m².

Comme la surface s’accroît d’année en année, 125 familles bénéficient de parcelles en 1898.

L’histoire de Félicie Hervieu reste méconnue car cette pionnière est vite éclipsée pour la postérité par un homme politique bien plus en vue, l’Abbé Lemire.

Catholique à l’âme généreuse, elle  communique à ce prêtre-député un rapport né de son expérimentation et de ses écrits. Aussitôt convaincu, l’ecclésiastique se fait ardent promoteur du jardinage populaire, bénéfique pour la santé et la morale…

Dès lors,  disparaît dans les oubliettes de l’histoire, celle qui a fait  éclore les 1ers jardins ouvriers français !

La trace de cette pionnière de coulisses se perd ensuite au point que l’on ignore sa date de décès et que ni photo ni nom de rue n’honorent sa mémoire !

 

Dans son village natal, chaque famille a son jardin

Née dans un bourg de la campagne sedanaise, d’un père ébéniste, Félicie veut faire des études de médecine. Mais comme cette profession est fermée aux femmes, elle devient sage-femme comme sa mère.

Entre agriculture et industrie, dans son village, chaque famille a son jardin.

Elle se marie à 19 ans à Honoré Désiré Hervieu qui fonde par la suite à Sedan une manufacture textile. Devenue mère de six enfants, Félicie Hervieu semble avoir continué son métier de sage-femme tout en secondant son mari dans son entreprise.

A son veuvage en 1886, elle assure provisoirement la direction de la société tout en préparant ses enfants à la relève. Là, elle est aux premières loges pour se rendre compte des conditions de vie précaires de ses employés et de leur famille.

 

Sortir les ouvriers de la misère grâce au potager

En 1889, pour sortir de la misère une famille de dix personnes, elle imagine un mécanisme original pour encourager à l’épargne. Chaque mois, elle s’engage à abonder la Caisse d’épargne de 6 francs s’ils versent de leur côté 3 francs. Les hésitations finissent par tomber et au bout d’un an la famille possède 108 francs.

C’est le moment de louer un jardin et de le cultiver. Mal gré, bon gré, parents et enfants finissent par s’y mettre et y prendre du plaisir. Finalement ils s’activent avec ardeur au point que la production du jardin devient un complément alimentaire avec le bénéfice de la revente du surplus. La famille s’est sortie de la misère.

Encouragée par cette initiative plutôt réussie, elle fonde l’association L'Œuvre pour la reconstitution de la famille afin d’étendre à davantage de personnes cette assistance incitative à l’épargne avec aussi prise en charge de crèche et de formations.

Chaque famille peut ainsi retrouver autonomie, confiance et fierté.

Le comité dirigeant cette association est composé uniquement de femmes. Il parvient à obtenir soutien et concours des pouvoirs publics et même les encouragements du directeur de l’Assistance publique de Paris.

Par conférences et expositions, Félicie Hervieu s’emploie à promouvoir ses propositions et son expérience. C’est alors qu’elle transmet un de ses fascicules à un député du Nord fraîchement élu : l’Abbé Lemire qui en parle à son ami le Dr Lancry. Ce dernier trouve le terme de « jardin ouvrier » après avoir rencontrée cette pionnière à Sedan.

C’est la bonne pioche !!

Bientôt la presse, qui relaie l’innovation de Félicie Hervieu, tombe dans les mains d’un jésuite stéphanois le père Volpette qui met aussitôt l’idée en œuvre dans son département de la Loire.

 

Le contexte économique et social la pousse à démissionner

Côté politique, dans cette dernière décennie du 19e siècle, le choix républicain s’affirme tandis qu’émergent les partis ouvriers et syndicats pour organiser les salariés confrontés aux dures conditions du capitalisme naissant, avec notamment le militant ardennais Jean-Baptiste Clément.

Félicie Hervieu et l’Abbé Lemire, proches des démocrates-chrétiens, sont critiqués par les conservateurs. Quant aux ouvriers, ils voient dans leurs actions une forme de paternalisme patronal.

Les rentrées d’argent aléatoires, les relations tendues avec la mairie de Sedan et la faillite de l’entreprise de textile familiale viennent à bout des forces de Félicie Hervieu.

Après sa démission du comité de gestion des jardins, une nouvelle organisation pérennise cette réalisation sociale.

Dès lors, se perd la trace de cette pionnière au grand cœur qui semble s’être éloignée de Sedan !

 Carte de jardinage de 1943 – source Wikipédia

 

 

Organisatrice au service des plus démunis

La notion d’épargne populaire ne peut qu’inspirer la Vierge Félicie Hervieu, naturellement habile à compter dans le menu détail et à se dévouer auprès des petites gens dont elle se sent proche.

Se soucier de provisions et de nourriture correspond bien à cette « fourmi » virginienne prévoyante et excellente gestionnaire.

Femme de sang-froid, organisatrice hors-pair animée par le feu sacré, elle déploie une incroyable énergie tout au long de sa vie de mère de famille nombreuse, sage-femme, co-gérante de l’entreprise familiale et enfin fondatrice des jardins ouvriers !

Qui dit mieux ?

Soucieuse d’équité et d’harmonie, la voilà qui s’emploie efficacement à réduire les inégalités sociales au nom d’une éthique religieuse et altruiste.

 

Que cette modeste fiche sorte de l’oubli cette dévouée bienfaitrice !

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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