Hellé NICE
Née Mariette Hélène DELANGLE dite Hellé Nice
Le 15 décembre 1900 à 15h à Aunay-sous-Auneau Eure-et-Loir 28
Selon acte n°22 – AD28 en ligne 3 E 013/017
Décédée le 1er octobre 1984 à Nice Alpes-Maritimes 06
Un parcours de vie exceptionnel…
Artiste de cabarets, elle acquiert renommée internationale et fortune.
Fascinée par la vitesse, cette pilote intrépide rivalise avec les hommes
Aux Grands Prix du Brésil en 1935, de la vie mondaine à la tragédie en course
Professionnelle reconnue, elle court jusqu’à la veille de la guerre
Une accusation infondée la précipite dans l’abandon et la misère
Illustre femme pilote automobile reconnue par son village en 2010
Hommage à cette actrice et pilote émérite qui étonne encore en ce 21e siècle. |
Un parcours de vie exceptionnel…
Débuter comme modèle puis danseuse nue, avant d’être pilote de course au volant d’une Bugatti, voilà qui signe le parcours de vie d’une femme libre et hors norme des années 1930.
Mais après fortune et prestige arrivent l’oubli et l’indifférence.
Accusée, sans preuve, de collaboration nazie, elle voit sa carrière et sa vie ruinées après guerre et termine son existence dans l’abandon et l’indigence totale.
Fille d’un facteur-receveur des postes, Mariette Delangle montre dès ses 3 ans, un enthousiasme étonnant quand près de son village natal passe le Paris-Madrid en automobile où les frères Renault, Ettore Bugatti… fendent l’air avec leurs bolides, dans un fracas épouvantable. Pas de quoi effrayer la fillette souriante aux yeux bleus qui trouvera gloire et fortune sur scène et sur les circuits en rivale des meilleurs pilotes masculins de son temps.
La pilote française Hellé Nice, alors modèle nue, dans les années 1920.
Artiste de cabarets, elle acquiert renommée internationale et fortune.
Devenue orpheline de père et encore adolescente rêvant de gloire et d’aventure, elle se fait modèle de peintre pour l’artiste metteur en scène René Carrère, illustrateur en publicités de music-hall, qui sera son premier amoureux.
Formée à l’art du ballet, elle est engagée dans des music-halls et, en quelques années, Mariette, sous le nom d’Hélène Nice, devient une danseuse nue à succès notamment au Casino de Paris.
Ce pseudonyme serait né d’une expression entendue : Elle est nice ( elle est charmante ) ce qui en phonétique donne Hellé Nice. La danseuse est aussi amoureuse de la ville de Nice où elle finira sa vie.
Jolie et sportive, engagée par les directeurs de cabarets, elle peut s’acheter sa première voiture, une Citroën, passer le permis de conduire et s’offrir de grandes virées à la campagne.
Sa réputation d’artiste solo s’affirme au point qu’associée avec le danseur Robert Lisset, célébrité du cinéma muet, elle joue dans les cabarets à travers l’Europe. Ses revenus de danseuse et de modèle sont tels qu’ils lui permettent d’acheter une maison et un yacht.
Hellé Nice en 1929, lors de son record du monde de vitesse.
Fascinée par la vitesse, cette pilote intrépide rivalise avec les hommes
Dans une boutique parisienne, sa rencontre avec Henri de Courcelles, ex-aviateur fan de voitures de sport, va amorcer un nouveau tournant de sa vie. Il lui fait découvrir le monde de la course automobile. L’ivresse de la vitesse et les performances des Bugatti fascinent cette compétitrice dans l’âme qui montre, dans toutes ses activités, une incroyable audace.
Bien qu’attirée par la course, Hellé Nice décide en 1926 de se consacrer uniquement à la danse, source de son succès.
C’est dans un café des Champs-Elysées que Philippe de Rothschild, alors pilote de rallye, se présente à elle. Une formidable passion pour la course automobile les unit pendant un temps, lui donnant aussi l’occasion de rencontrer Ettore Bugatti. Ce dernier voit dans Hellé Nice, celle qu’il doit ajouter à sa liste de pilotes masculins pour ses voitures de course. D’autant plus que la jeune femme affirme son désir de rivaliser avec les hommes.
Son talent fait merveille si bien qu’Hellé Nice s’illustre à la 3e place lors du Grand Prix Bugatti de juin 1930 au Mans. Dès lors, seule femme du circuit du Grand Prix, elle enchaîne les courses prestigieuses au volant de sa Bugatti..
Elle remporte en 1932, le Rallye Paris-Saint-Raphaël féminin et remporte la Coupe des Dames en 1936 dans le Rallye automobile Monte-Carlo.
A partir de 1933, elle s’engage dans la firme Alfa Roméo et c’est en star qu’on la retrouve sur tous les grands circuits de France, d’Italie, des courses de côte, et des rallyes d’Afrique du Nord, parmi les meilleurs pilotes de l’époque : René Dreyfus, Louis Chiron, Marcel Lehoux, Robert Benoist, Jean-Pierre Wimille…
(voir dossier "Les grands pilotes automobiles du XXe siècle" )
L'accident au GP São Paulo, au Brésil en 1936.
Aux Grands Prix du Brésil en 1935, de la vie mondaine à la tragédie en course
Femme admirée dans un monde masculin, toujours prête à se faire photographier, elle gagne beaucoup d’argent, s’amuse et multiplie les amants dans l’aristocratie et la haute bourgeoisie.
En 1935, lors de la course de La Turbie près de Nice, elle s’éprend d’un beau brun fondu d’automobile, Arnaldo Binelli, charmé lui aussi par cette pilote intrépide et souriante. L’année suivante, le couple d’amants s’envole pour le Brésil où la jeune femme doit courir deux Grand Prix dont celui de São Paulo. En attendant, plage, danse, dîners et soirées mondaines agrémentent leur séjour.
Mais le 13 juillet 1936, c’est le drame quand placée en seconde position, à plus de 160 km/h, Hellé Nice subit un terrible accident dû à des spectateurs, qui la laisse dans le coma et fait six morts et plus de trente blessés, près de la piste balisée seulement avec des bottes de paille.
Finalement exonérée de toute responsabilité, elle est généreusement indemnisée. Auprès de la population brésilienne, cette tragédie fait d’elle une héroïne et bon nombre de familles donnent à leurs enfants, le prénom d’Hélénice ou Elénice.
Professionnelle reconnue, elle court jusqu’à la veille de la guerre
Contre toute attente, la pilote finit par retrouver une vie normale mais touchée au moral et au physique, elle ne revient dans l’ambiance des circuits qu’en 1937. Encore reconnue pour son professionnalisme comme la femme la plus rapide et la plus compétente du moment par les constructeurs, elle est engagée notamment aux essais d’endurance de la firme Yacco réservés aux femmes. Pendant dix jours et dix nuits, en alternance avec trois autres pilotes femmes, elle conduit au volant d’une Matford et bat elle-même dix records mondiaux, qu’elle détient encore à ce jour.
Elle remporte aussi la seconde et la dernière manche du Championnat féminin de l’Union Sportive automobile sur le circuit de Comminges le 6 août 1939 à bord d’une Renault Juvaquatre.
Mais l’arrivée de la Seconde guerre mondiale met un point final à sa carrière de pilote et aux courses automobiles en Europe.
Installée à Paris en 1940, avec Arnaldo, elle connaît les affres de la famine sous l’occupation et va s’approvisionner à Sainte-Mesme dans sa famille où l’accueil est froid et distant.
En 1943, sous occupation allemande, elle achète une belle villa niçoise où elle s’installe avec son amant Arnaldo et tous deux laissent passer la guerre. Avec quel argent ? Mystère !
Hellé Nice à Montlhéry, en février 1930, détentrice du record de vitesse sur l'anneau de Montlhéry à 197,708 km/h
Une accusation infondée la précipite dans l’abandon et la misère
La guerre finie, le premier Rallye Monte-Carlo d’après-guerre est lancé en 1949. Lors de la fête organisée pour célébrer le retour à la course, le célèbre pilote Louis Chiron, accuse publiquement Hellé Nice d’avoir été un agent de la Gestapo.
Une telle accusation publique – même fournie sans preuve - est un sérieux revers pour quiconque à cette époque, et pour la pilote, cela signe sa fin de carrière et le début de sa déchéance.
Lâchée par ses sponsors, délaissée par ses amis et connaissances, elle voit son nom effacée des annales de la course automobile.
Côté cœur, elle doit supporter les infidélités d’Arnaldo qui dilapide sa fortune jusqu’au dernier sou au point qu’il leur faut vendre la maison de Nice avec meubles et tableaux… pour payer les dettes avant d’être secourus par l’association « La Roue tourne » créée en 1957 pour aider les artistes démunis. A son tour, Arnaldo la délaisse.
La culpabilité d’Hellé Nice n’a jamais été prouvée. Et les vérifications menées à Berlin sur les documents officiels auprès des autorités allemandes sur demande de Miranda Seymour, biographe respectée, attestent qu’Hellé Nice n’a jamais été un agent au service du nazisme.
Désormais ruinée, Hellé Nice passe les dernières années de sa vie incognito, sans ami et oubliée par le milieu mondain, dans un minuscule appartement de Riquier, quartier ouvrier de Nice, loin des luxueux palaces de la Riviera.
Illustre femme pilote automobile reconnue par son village en 2010
Cependant, elle demeure l’une des plus illustres femmes pilotes, symbole d’émancipation féminine au cœur du 20e siècle. A son actif, on compte plus de soixante-dix événements au plus haut niveau de la course automobile.
A son décès en 1984, sa crémation est payée par l’organisme de charité, La Roue tourne. Et quand ses cendres arrivent à Saint-Mesme, sa sœur qui n’a jamais apprécié son mode de vie très libre, ne prend pas soin de faire graver son nom sur la tombe familiale.
C’est seulement en 2010, que sa biographe Miranda Seymour et quelques admiratrices américaines créent la Hellé Nice Foundation pour réparer cet oubli par une plaque commémorative et une rue de son village natal porte son nom.
Sources documentaires :
« Femmes d’Exception en Provence-Alpes-Côte d’Azur", édité par Le Papillon Rouge Editeur et écrit par Sylvie Reboul.
Dossier Les pilotes automobiles
http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http://www.aphgaixmarseille.com/spip.php?article1662
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hell%C3%A9_Nice
Hommage à cette actrice et pilote émérite qui étonne encore en ce 21e siècle.
Déplacements, voyages et spectacles sont autant de passions chevillées au corps d’Hellé Nice très marquée par l’axe nomade Sagittaire-Gémeaux.
Être sur le devant de la scène et au cœur d’une vie médiatique est ce qui correspond à sa nature ouverte sur le monde et tout ce qui est spectaculaire que ce soit sur scène ou sur route.
Femme de mouvement, des cabarets aux circuits de course, elle a besoin de vivre le stress du spectacle et de la compétition avec des enjeux risqués qui requièrent une tension extrême.
Avec sang-froid, au cœur de l’action, elle agit toujours dans la précision et une grande maîtrise.
L’automobile, mécanique prestigieuse et d’avant-garde, comble son goût des déplacements avec mise en scène médiatique.
Pour autant, la gloire, les honneurs, la fortune et l’amour sont pour elle choses difficiles à conserver durablement.
Femme à la fois originale et séductrice, elle aime fonctionner hors des conventions sociales, à son idée, en toute liberté, autonomie et indépendance, forçant toujours son destin et avide de profiter de tout ce que la vie lui apporte.
La seconde moitié de sa vie se déroule dans l’ombre, sans fortune et sans gloire, étant passé d’un extrême à l’autre, de la lumière médiatique aux ténèbres de la solitude.
Voici un bref hommage à cette actrice et pilote émérite, au parcours de vie qui étonne encore en ce début de 21e siècle.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
En astrologie, d’où vient le goût du pilotage automobile ?
Pour en savoir plus : https://www.janinetissot.com/2019/11/12/metiers-de-lautomobile/
Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne |