Une grande dame de la Résistance française, elle est l'une des deux seules femmes décorées de la Distinguished Service Cross américaine pour son héroïsme extraordinaire sous l'occupation allemande. Elle meurt dans un total anonymat au printemps 2016.

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Jeannette GUYOT

Née Louise Raymonde Jeanne GUYOT le 26 février 1919 à 15h à Chalon-sur-Saône Saône-et-Loire 71
Selon acte n°79 aimablement délivré par la mairie de Chalon

Décédée le 10 avril 2016 à Gueugnon Saône-et-Loire 71

 

 

Engagée dans la Résistance, elle subit trois mois de dure détention

Faite pour le terrain, elle suit une formation d’élite en Angleterre

Promue lieutenant le 8 février 1944

Une âme de responsable indépendante et intuitive

 

 

Héroïne française de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, l’annonce de son décès nous arrive par la presse britannique !

En l’absence d’hommage national mérité, évoquer ainsi sa mémoire se veut une modeste reconnaissance à son exceptionnelle bravoure.

 

Engagée dans la Résistance, elle subit trois mois de dure détention

Jeannette à 22 ans fait déjà partie de la Résistance quand la moitié de la France est sous occupation allemande. Jusqu’en août 1941, elle est aussi membre du réseau Amarante de la France Libre. Grâce à un laissez-passer allemand Ausweiss, elle s’occupe de faire passer des agents en zone sud, administrée par le régime de Vichy.

Après sa rencontre avec le colonel Rémy (Gilbert Renault), chef du réseau Confrérie Notre-Dame basé à Paris, elle devient agent de liaison. A ce titre, elle est chargée de transmettre des renseignements en zone sud, tout en poursuivant ses activités de passeur.

Arrêtée en février 1942, elle est emprisonnée pendant trois mois, à Châlons-sur-Saône puis à Autun. Elle subit des interrogatoires très durs mais ne parle pas. Faute d’élément à charge, les Allemands la remettent en liberté, après lui avoir retiré son Ausweiss.

Aussitôt, elle reprend ses activités au sein du réseau du colonel Rémy qui sera l’un des résistants français les plus connus de la Guerre 1939-1945.

Réfugiée à Lyon, elle intègre le réseau Phratrie, avec pour mission la collecte de renseignements, des actions de sabotage et l’aide aux aviateurs alliés abattus pour regagner le Royaume-Uni.

 

Faite pour le terrain, elle suit une formation d’élite en Angleterre

Toutefois, avec l’invasion allemande en zone sud, il y a grand risque que la Gestapo arrête Jeannette Guyot. Décision est prise de l’exfiltrer en Angleterre dans la nuit du 13 mai 1943 grâce à un avion Lysander de la Royal Air Force.

Arrivée à Londres, elle retrouve le colonel Rémy et prend le pseudonyme de Jeannette Gauthier.

Réfractaire aux tâches administratives qui lui sont confiées, elle fera tout pour retrouver son domaine de prédilection, le terrain.

Elle est suit une formation d’élite à l’école Praewood House dans la banlieue londonienne, aux côtés d’une centaine de volontaires formés aux techniques du renseignement militaire. L’enjeu est de collecter des informations sur l’ordre de bataille allemand afin de préparer le débarquement allié en Normandie.

Malgré les risques, elle accomplit sa mission et envoie régulièrement à Londres des renseignements de la plus haute importance.

 

Promue lieutenant le 8 février 1944

Le 8 février 1944, Jeannette Guyot est promue lieutenant. Parachutée près de Loches dans le Val-de-Loire, elle est chargée d’une tâche délicate : repérer des planques pour cacher les agents de l’opération Sussex. Elle parviendra même à cacher l’un d’eux dans le Café de l’Electricité (rebaptisé le Café des Sussex à la fin de la guerre), à deux pas d’un bureau de la Gestapo.

Après la libération de Paris, le 25 août 1944, sa mission prend fin. Et Jeannette retrouve un emploi de bureau à la nouvelle Direction générale des études et recherches. Elle apprend la déportation de ses parents en Allemagne d’où son père ne reviendra pas.

En juin 1945, elle quitte le monde du renseignement et devient l’épouse de Marcel Gauchet, un agent Sussex.

Titulaire de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palmes, elle est l’une des deux femmes à avoir reçu la Distinguished Service Cross américaine au titre de la Seconde Guerre mondiale.

Et depuis, elle semble avoir mené une vie hors des honneurs publics au point que même son décès passera inaperçu en France.

 

Sources documentaires :
http://www.opex360.com/2016/05/06/grande-resistante-jeannette-guyot-nous-quittes-dans-la-plus-grande-discretion/
https://reveil-francais.fr/2016/05/the-telegraph-deces-de-madame-jeannette-guyot/
http://www.opex360.com/2016/05/06/grande-resistante-jeannette-guyot-nous-quittes-dans-la-plus-grande discretion/#bgju7VB00hJVY6j8.99

 

 

Une âme de responsable indépendante et intuitive

Prendre de solides responsabilités pour une mission d’arrière-plan correspond bien au tempérament de Jeannette Guyot.

Femme autonome, soucieuse de son indépendance, la notion de liberté a une grande valeur à ses yeux. Ainsi la domination allemande sur son pays lui a été si insupportable qu’elle a d’emblée choisi de militer dans la Résistance.

Intuitive et sûre d’elle, elle a l’œil à tout, aidée en cela par une grande adaptabilité aux circonstances.

Ainsi, son époque l’a appelée à mettre en œuvre les valeurs de liberté, de responsabilité et fine intuition qu’elle portait en elle. Devenue héroïne pour servir l’indépendance de son pays, elle a sans doute par la suite préféré la discrétion au devant de scène, au point que son décès est passé inaperçu.

 

Merci à Marc Brun de m’avoir signalé cette grande dame de la Résistance française

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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