Jean-Baptiste GODIN
(Jean-Baptiste André GODIN)
Né le 26 janvier 1817 à 5h du matin à Esquéhéries Aisne 02
Selon acte n°13 – AD02 en ligne - 5 M i 0688 -1816-1820 – vues 82 et 83/385
Décédé le 15 janvier 1888 à Guise Aisne 01
« Godin invente la participation ouvrière. »
Ainsi titre la presse du 13 août 1880.
Jean-Baptiste Godin crée une association pour ses ouvriers, inspirée du socialisme associatif de Charles Fourier. Tout en restant directeur de son entreprise, il cède une partie de ses bénéfices à ses employés sous forme de titres intégrés au capital commun. Jusqu’ici, Godin s’était toujours heurté à l’incrédulité de ses salariés : lors d’une précédente remise de titres, les ouvriers ne les avaient acceptés que contraints, certains allant même jusqu’à les jeter dédaigneusement dans l’Oise. (p.957 Chronique de la France - 1994)
Capitaine d’industrie doublé d’un philanthrope précurseur
Jean-Baptiste, fils d’artisan serrurier de condition modeste, est formé très tôt au travail des métaux. Et comme cela se pratique à l’époque, il fait son tour de France à 17 ans, pour parfaire son apprentissage.
Ce tour de France, lui fait aussi découvrir la misère de la condition ouvrière. Touché par cet accablement, il se disait : … si un jour je m’élève au-dessus de la condition de l’ouvrier, je chercherai les moyens de lui rendre la vie plus supportable et plus douce, et de relever le travail de son abaissement. (Solutions Sociales 1871)
Revenu dans sa ville natale en 1837, il a tout juste 20 ans quand il crée un petit atelier pour fabriquer des poêles en fonte qui se substituent aux poêles en fer. L’idée est géniale et assure la réputation du fameux poêle Godin qui deviendra n°1 mondial. Il dépose un brevet en 1840.
La fabrication débute avec deux ouvriers et en 1881, ils seront 1337 !
Son idée est révolutionnaire : associer les ouvriers à la propriété du capital…
Cet homme d’avant-garde, tout pétri d’un idéal humaniste et que les défis stimulent, s’intéresse à tout ce qui touche la question sociale. Et tout naturellement il est attiré par les théories du philosophe Charles Fourier.
En 1846, il transfère sa manufacture d’appareils domestiques à Guise, au bord de l’Oise. Il en fonde une autre à Bruxelles, ainsi qu’un « phalanstère ».
Il s’agit du regroupement d’une communauté humaine - la Phalange - autour de ce qui est nécessaire à une vie harmonieuse. Ce concept, imaginé par Charles Fourier, et très à la mode dans les milieux intellectuels au 19e siècle, est promu par des industriels idéalistes voire utopistes comme Charles Fourier.
En 1855, il contribue à financer l’expérience au Texas, d’un phalanstère du philosophe économiste, Victor Considerant, lui aussi adepte de Fourier. Dans l’échec de cette expérience, Godin perd le tiers de sa fortune personnelle mais en tire la leçon de se consacrer désormais seul à ses grands projets.
Pour que les ouvriers accèdent à un confort que seuls les bourgeois peuvent s’offrir, il conçoit l’habitat collectif. Les logements sont organisés autour d’une cour couverte centrale, lieu de vie communautaire.
Outre un logement moderne, il prévoit aussi, des lavoirs, des magasins d’approvisionnements, un théâtre, une piscine, une bibliothèque… et même une école obligatoire et gratuite, bien avant les lois de Jules Ferry.
L’accès à ces avantages est ouvert à toute personne travaillant dans l’entreprise, sans distinction de situation.
Le Familistère – cour centrale.
Patron visionnaire qui prône un socialisme humaniste tourné vers le progrès social.
Ce concept adapté par Godin s’appelle le Familistère, qui peut être considéré comme l’équivalent d’une coopérative de production d’aujourd’hui.
La construction du familistère autour de son usine de Guise s’étale de 1859 à 1884.
Jean-Baptiste Godin se démarque des utopistes de son temps : J’ai traduit mes pensées en actes et leur ai donné l’organisation et la vie avant de les exposer en théorie. Il n’est donc pas possible de dire que je suis resté dans le domaine des utopies, déclare-t-il à ses ouvriers en 1887.
Godin, nourri de ses expériences de jeunesse, est sensible à l’idée de distribuer les richesses économiques aux ouvriers, comme une alternative à la société industrielle alors en plein développement.
Jean-Baptiste Godin mène aussi un engagement politique en tant que député de l’Aisne de 1871 à 1876.
La marque industrielle qu’il a créée existe encore et fait partie du groupe « Cheminées Philippe ».
Voici un aperçu du remarquable parcours de vie de ce patron hors normes, génial inventeur et humaniste, qui se soucie du confort matériel et moral de ses compatriotes.
On peut dire que Godin sait dispenser la chaleur autour de lui !
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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