Frère CLEMENT
Né Vital RODIER en religion Frère Marie-Clément ou Frère Clément
le 25 mai 1839 à 4h du matin lieu dit Malveille à Chambon-sur-Dolore 63 Puy-de-Dôme
Selon acte n°26 – AD63 en ligne – 1833-1842 – 6 E 767 – vue 39/165
Décédé le 20 novembre 1904 à 17h à Misserghin (près d’Oran) en Algérie
Source : http://spiritains.forums.free.fr/defunts/rodiermc.htm
Abondante sur nos tables, surtout lors des fêtes de fin d’année, la clémentine continue de régaler nos papilles depuis près d’un siècle.
Partons à la rencontre de frère Clément qui a dédié sa vie aux nourritures célestes tout en œuvrant aux nourritures terrestres du potager et du verger de l’orphelinat de Misserghin dans la seconde moitié du 19e siècle.
Né dans une famille paysanne du Livradois, il se destine à la vie religieuse. Dès 13 ans, il rejoint le monastère des Chartreux de Valbonne dans le Gard où l’un de ses oncles est Prieur. Mais sa santé fragile ne s’accommode guère des règles austères qui régissent l’ordre des Chartreux.
A l’issue de deux ans d’études, il suit un oncle paternel en Algérie (française) à Misserghin (sud-ouest d’Oran), dans un orphelinat rattaché à la communauté des Petits Frères de l’Annonciation.
Les orphelins sont formés dans de nombreux ateliers au cœur d’un terrain de plusieurs centaines d’hectares.
Là, frère Clément prononce ses vœux en 1859, il a 20 ans. Sept ans plus tard, il y fera ses vœux perpétuels en 1866.
Passionné par les plantes, on lui confie le jardin et les plantations de l’orphelinat.
Formidable mission pour Frère Clément, qui, à défaut de formation d’arboriculteur, a hérité de son ascendance paysanne le goût de s’occuper des arbres et des plantes.
La terre nourricière inspire particulièrement cet imaginatif ingénieux, pétri de bon sens terrien, curieux de toute nouveauté dans un esprit d’avant-garde. Jardinier inspiré, il a des « mains d’or » pour faire prospérer et réussir tout ce qui vient de la terre et créer ce qui ne s’est encore jamais fait.
C’est aussi sa façon de « materner » les orphelins vivant dans l’établissement.
Il plante de la vigne sur 35 hectares, une roseraie comptant six cents variétés de roses, une pépinière d’une vingtaine d’hectares avec de nombreuses essences d’arbres et d’arbustes vendus aux cultivateurs de la région.
Cet arboriculteur de génie introduit dans le pays des centaines d’espèces d’arbres forestiers, fruitiers ou d’ornement.
Il expérimente des greffes sur plusieurs plants différents.
Passionné par les plantes, Frère Clément l’est tout autant par la climatologie, il relève la température moyenne et la pluviométrie pendant près de 40 ans.
Ce religieux inventif et fin connaisseur de la nature sait si bien « parler » aux arbres qu’il se fait inventeur de la « mandarinette » qui sera nommée plus tard « clémentine » par le botaniste et médecin Louis Charles Trabut.
Inventée par le père Clément, la clémentine a des origines incertaines…
Si on peut lui attribuer cette invention de façon certaine, les circonstances et l’origine demeurent mystérieuses et se situeraient entre 1892 et 1900. Quand les botanistes découvrent ce fruit, Frère Clément en fait déjà l’exploitation et les enfants de l’orphelinat s’en régalent.
Une version raconte qu’au bord de l’oued Miserghin, un arbre non cultivé avait poussé là parmi les épines ; ce n’était pas un mandarinier, ni un oranger ; ses fruits plus rouges que les mandarines étaient d’une saveur délicieuse et de plus n’avaient pas de pépins ; c’est ce que devait apprendre au Frère Clément un jeune arabe qui en avait dégusté ; intéressé par ces fruits, notre arboriculteur prit sur lui la décision de faire des greffes avec des greffons de l’arbre miraculeux. L’opération réussit ; on multiplia alors les greffes.
Une autre version indique que Frère Clément a l’idée de récolter un peu de pollen sur les fleurs d’un bigaradier, l’arbre qui produit l’orange amère. Avec ce pollen, il féconda les fleurs d’un autre arbre, le mandarinier. Ces fleurs donnèrent des fruits dont le religieux récupéra les pépins. Il les planta et attendit patiemment. Des arbres nouveaux poussèrent et deux ans plus tard donnèrent leurs premiers fruits, des fruits tout à fait nouveaux.
Depuis une étude faite en 2002, à partir des chromosomes de la clémentine par les chercheurs de l’INRA de Corse, on sait que, contrairement à ce que pensait le père Clément, qu’il s’agit d’un croisement naturel entre la mandarine commune et une orange douce.
En tous cas on peut dire que la clémentine est bien née de l’amour de frère Clément pour le jardinage et l’arboriculture.
Sources documentaires :
http://spiritains.forums.free.fr/defunts/rodiermc.htm
« Toutes les réponses aux questions que vous ne vous êtes jamais posées » par Philippe Nessmann – éditions Marabout
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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