Marie DUPLESSIS comtesse de Perrégaux
(Née Alphonsine PLESSIS dite Marie DUPLESSIS)
Née le 15 janvier 1824 à 20h (huit heures du soir) à Nonant-le-Pin 61 Orne
Selon acte n°1 AD61 en ligne – 3NUMCEC310/3 E2_310_3 (An XI-1824) Nonant-le-Pin
Décédée le 3 février 1847 à Paris
A défaut de particule nobiliaire et d’ascendance fortunée, Alphonsine Plessis se voit dotée par la nature d’un physique séduisant ainsi que d’une audace avant-gardiste et ambitieuse. Ces atouts lui permettent d’échapper dès l’adolescence à la grande pauvreté de ses origines.
Ouvrière misérable, Paris lui apporte séduction mondaine et instruction.
Après avoir été servante d’hôtel puis ouvrière dans une fabrique de parapluies dans l’Orne, elle monte à Paris dès l’âge de quinze ans. D’abord blanchisseuse puis chapelière, jusqu’à ce qu’elle devienne la maîtresse d’un riche commerçant qui la met dans ses meubles.
Dès lors, sa beauté naturelle ainsi que sa personnalité de pionnière volontaire et audacieuse peuvent donner leur pleine mesure. Finie la servitude de domestique, elle devient très vite la courtisane la plus convoitée et la plus onéreuse de la capitale.
Vivant dans l’opulence, elle apprend à lire, écrire, jouer du piano… Instruction, fortune et culture valorisent sa vivacité naturelle, donnent de l’élan à son âme indépendante, tandis que son avidité de bien-être matériel se trouve comblée.
Elle tient un salon que fréquentent hommes de lettres et politiciens célèbres. Elle se montre dans les endroits chics et à la mode, le Bois de Boulogne, l’Opéra…
Femme aussi discrète que déterminée, intelligente et pleine d’humour, elle a un charme naturel et un réel magnétisme qui la rendent irrésistible. Nombre d’hommes riches et en vue sont prêts à lui concéder une aide financière régulière en contre partie de sa compagnie dans leur vie mondaine et privée.
Pour accorder son nom à son rang, elle se fait appeler Marie Duplessis.
Pour accorder son nom à sa vertigineuse ascension sociale, une précieuse particule est la bienvenue, tandis que le prénom « Marie » remplace avantageusement « Alphonsine ».
De septembre 1844 à août 1845, elle est l’amante d’Alexandre Dumas Fils qui en donne ainsi le portrait :
…grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage, elle avait la tête petite, de longs yeux d’émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde.
On lui prête une liaison avec le compositeur et grand séducteur, Franz Liszt, qui lui aurait offert de vivre avec elle.
Amante du comte Edouard de Perrégaux, elle l’épouse en 1846 à Londres. Malgré les sentiments réels du comte, le couple se sépare à cause du fichu caractère du beau-père qui ne tolère pas la présence de cette « courtisane ».
Marie Duplessis au théâtre par Camille Roqueplan. Paris
Morte à 23 ans, délaissée et ruinée,
elle connaît la gloire posthume avec La Dame aux camélias.
Marie devenue comtesse de Perrégaux rentre en France. Dès lors, elle s’abîme dans une vie agitée et dissipée en dépit de la tuberculose qui la ronge.
Moins d’un an plus tard, elle expire dans son logement parisien, ruinée et abandonnée de tous. Seuls restent à ses côtés deux anciens amants, le diplomate comte Gustav Von Stackelberg et le comte de Perrégaux.
A cause de son indigence, on met sa dépouille dans la fosse commune mais son mari, le comte de Perrégaux la fait exhumer pour lui assurer des funérailles dignes.
Pauvre fille ! On m’a dit qu’à votre heure dernière,
Un seul homme était là pour vous fermer les yeux,
Et que, sur le chemin qui mène au cimetière,
Vos amis d’autrefois étaient réduits à deux !
Ainsi, écrit Alexandre Dumas Fils.
En réalité, les chaises de l’église de La Madeleine avaient été louées pour vingt personnes !
Théophile Gautier et Jules Janin font son éloge, mais le plus touchant reste celui de Franz Liszt :
Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d’une élégie antique résonne dans mon cœur.
Ses biens sont vendus aux enchères pour payer ses dettes.
Moins d’un an plus tard, sa mémoire inspire Alexandre Dumas Fils, sous les traits de « Marguerite Gautier » dans La Dame aux camélias. Ce roman donnera lieu à une pièce jouée en 1852. Cette œuvre deviendra la Traviata sous l’inspiration du compositeur Guiseppe Verdi en 1853 où il représente Marie sous le nom de « Violetta Valery ».
Voici un bref écho à l’extraordinaire destin de Marie Duplessis qui en moins de sept années passe de la misère à l’opulente mondanité pour finir quasiment délaissée, mais laissant à la postérité un parfum inoubliable de camélias.
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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