Poétesse d’avant-garde, elle reçoit les éloges d’écrivains comme Balzac, Verlaine, Baudelaire... Surnommée Notre-Dame-des-Pleurs en référence à sa vie jalonnée de drames, elle inspire Pascal Obispo dans son dernier album sorti en février 2016.

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Marceline DESBORDES – VALMORE
Née Marcelline Félicité Josèphe DESBORDES dite…

Née le 20 juin 1786 à 5h du matin à Douai (Notre-Dame) 59 Nord
Selon acte de baptême - AD59 en ligne – BMS 1776-1792 – Douai Notre-Dame – vue 1013/1244

 Décédée le 23 juillet 1859 à Paris

 

 

D’abord, comédienne, chanteuse, cantatrice…

Poétesse novatrice au talent reconnu par les plus grands de son temps

Quelques extraits de poèmes

 

 

D’abord, comédienne, chanteuse, cantatrice…

Son père Félix Desbordes, peintre en armoiries ruiné par la Révolution, se reconvertit en cabaretier à Douai.

Après un séjour à Rochefort et Bordeaux, Marceline a quinze ans quand elle embarque avec sa mère en 1801, pour la Guadeloupe afin de chercher une aide financière chez un cousin aisé installé là-bas.

Mais le désenchantement est au rendez-vous. La traversée en bateau (11 jours) plus longue que prévu affaiblit les deux femmes. Puis en 1803, l’épidémie de fièvre jaune emporte la mère de Marceline, tandis que des troubles politiques secouent l’île et fragilisent la situation financière du cousin.

Revenu en métropole près de son père à Douai, Marceline se fait comédienne et joue aux théâtres de Douai, Lille, Rouen, grâce à sa rencontre avec le compositeur Grétry.

Comédienne, chanteuse, cantatrice, elle se produit à Paris, au théâtre de l’Odéon, à l’Opéra Comique, ainsi qu’à Bruxelles, où elle est Rosine dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais.

Dans sa carrière théâtrale, elle joue souvent des rôles d’ingénue et crée elle-même plusieurs pièces.

Elle connaît une liaison passionnée, orageuse et intermittente avec le journaliste écrivain Henri de Latouche, dont elle a un fils qui décède en 1816.

Elle se marie en 1817, avec l’acteur rencontré à Bruxelles, Prosper Lanchantin alias Valmore dont elle ajoutera le nom à son patronyme. De cette union, naîtront quatre enfants dont seul Hippolyte survivra à sa mère.

 

Poétesse novatrice au talent reconnu par les plus grands de son temps

Marceline a 33 ans quand elle publie son premier recueil de poèmes Elégies et Romance remarqué par différents journaux.

Désormais, elle se consacre à la littérature, écrit des contes pour enfants en prose et en vers et de nombreux poèmes.

Avec une grâce mélancolique, elle y exprime ses tristesses et ses douleurs (la mort de ses quatre enfants), comme ses élans mystiques.

Toutes ses œuvres dont le lyrisme et la hardiesse sont remarqués, lui obtiennent une pension royale sous Louis-Philippe Ier et plusieurs distinctions académiques.

En 1833, elle publie un roman autobiographique, L’Atelier d’un peintre, où elle évoque la difficulté d’être reconnue comme artiste pour une femme.

 

Elle compense son instruction limitée par un grand travail d’autodidacte. Et des écrivains renommés sont élogieux à son égard.

Ainsi Honoré de Balzac admirait son talent et la spontanéité de ses vers : assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples.

Paul Verlaine considère que cette poétesse a joué un rôle majeur dans l’évolution de l’écriture : Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement [...] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles ... Verlaine lui sait gré d'avoir introduit des formes nouvelles, telles que le rythme inusité de onze pieds…

Sainte-Beuve dit à son propos : Elle a chanté comme l'oiseau chante. Il définit sa poésie comme si passionnée, si tendre, et véritablement unique en notre temps.

Pascal Obispo, séduit par l’œuvre de cette poétesse, fait revivre ses écrits en musique dans son album Billet de femme sorti en février 2016. Il n’y a rien que je trouve ancien dans son écriture, dit-il.

D’autres chanteurs populaires, comme Julien Clerc (N'écris pas), Benjamin Biolay, Karin Clercq (La sincère) ont été inspirés par cette poétesse au style indémodable.

Elle est la marraine de muses comme Anna de Noailles.

 

Quelques extraits de poèmes :

Allez en paix

Allez en paix, mon cher tourment,
Vous m'avez assez alarmée,
Assez émue, assez charmée...
Allez au loin, mon cher tourment,
Hélas ! mon invisible aimant !

 

Les Cloches du soir

Quand les cloches du soir, dans leur lente volée
Feront descendre l'heure au fond de la vallée,
Si tu n'as pas d'amis ni d'amours près de toi,
Pense à moi ! Pense à moi !

 

Le bouquet sous la croix

D'où vient-il ce bouquet oublié sur la pierre ?
Dans l'ombre, humide encor de rosée, ou de pleurs,
Ce soir, est-il tombé des mains de la prière ?
Un enfant du village a-t-il perdu ces fleurs ?

...

 

Une écriture libre, vibrante, originale, inspirée des affres de sa vie

Une écriture libre, légère, sensible, imaginative, anticonformiste, née d’une âme à la fois conquérante et mélancolique, qui puise sa source aux affres de la vie.

Voilà ce qui pourrait résumer l’écriture et le tempérament de Marceline Desbordes-Valmore.

Faire sortir ses tourments par la plume est pour elle un combat toujours victorieux.

L’écriture et la poésie l’imprègnent tant qu’elle est totalement authentique dans la moindre de ses créations qui jaillit d’elle, naturellement, comme l’air ambiant porte le chant et la musique et fait, aussi, voler les papillons.

Sous sa plume ô combien profonde et structurée, la matière prend une légèreté inouïe et les mots qui l’habillent sont aussitôt soulagement de la souffrance.

L’humain et l’enfance sont pour elle des thèmes de prédilection qu’elle sait magnifier avec rythme et originalité, en faisant, semble-t-il, se rejoindre le ciel et la terre.

Qu’aurait été son œuvre sans les drames de son existence ?

 

Merci à Marc Brun de m’avoir signalé cette grande dame de l’écriture.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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