Convertie à la foi chrétienne, cette assistante sociale des banlieues, fait de sa vie un apostolat au plus près du terrain. Son rayonnement spirituel et sa réputation de sainteté, sont tels que la cause de sa béatification est introduite au Vatican en 1987.

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Madeleine DELBRÊL
Née Anne Marie Madeleine DELBREL

née le 24 octobre 1904 à 3h du matin à Mussidan Dordogne 24
Selon acte n°45 délivré par l’état-civil de Mussidan

Décédée le 13 octobre 1964 à Ivry-sur-Seine Val-de-Marne 94

 

 

De la foi athée à la foi chrétienne à l’âge de vingt ans…

Fille unique d’un père chef de gare, libre penseur et très cultivé, et d’une mère croyante, elle suit ses parents de gare en gare jusqu’à ce qu’ils s’installent à Paris en 1916.

La poésie l’intéresse dès l’adolescence et à 17 ans, elle y affirme sa foi athée : Dieu est mort, vive la mort !

Eduquée de façon très libérale, ses dons l’amènent aussi bien vers l’art (dessin, piano…) que vers la littérature (cours à la Sorbonne, cercles littéraires…).

A 22 ans, elle décroche le prix annuel de poésie Sully-Prudhomme de l’Académie française.

Gaie et sociable, avide de connaissances, une âme de leader, elle s’intéresse à tout ce qui fait la vie.

Un soir, lors d’une rencontre littéraire, elle sympathise avec Jean Maydieu brillant centralien qui affiche sa vocation religieuse. Les jeunes gens ont l’air si complice que les deux familles imaginent des fiançailles. Mais, le jeune homme entre chez les Dominicains. Cette séparation affecte particulièrement Madeleine qui restera célibataire.

A la faveur de la rencontre de jeunes étudiants chrétiens, Madeleine se pose la question de l’existence de Dieu et s’en épanche dans un de ses poèmes le 29 mars 1924.

Peu avant sa mort, elle confiera :

J’avais été et je reste éblouie par Dieu !

 

Un temps, elle songe à entrer au Carmel mais reste à travailler pour Dieu dans le monde. Elle souhaite aussi rester près de son père devenu aveugle.

Investie dans le scoutisme, elle rencontre l’abbé Lorenzo qui sera son directeur spirituel.

Bientôt, avec d’autres jeunes filles, se forme la patrouille saint-Dominique, avec le désir commun de mener une vie chrétienne plus intense et évangélique. Bientôt, se met en place ce qui deviendra « les équipes », où ces jeunes femmes ont un statut de laïques consacrées, autonomes, qui est pour la première fois reconnu par l’Eglise. Leur rayonnement œuvre en banlieue mais aussi dans les campagnes et même à l’étranger.

En 1958, une charte de vie est formulée et Madeleine est élue responsable du groupe.

 

Sur le terrain, au cœur de la population, pour une vie plus juste et plus humaine

Quand Madeleine, Suzanne et Hélène, s’installent à Ivry-sur-Seine en 1933, c’est « la zone », une banlieue industrielle où dans le bruit et les fumées d’usines, s’entassent ouvriers, chômeurs, immigrés. Sans être religieuses, elles veulent vivre l’Evangile, là, au service des plus humbles et des plus démunis. Elles sont disponibles pour une vie d’amitié, d’entraide, dans l’ambiance joyeuse du scoutisme.

Formée au métier d’infirmière et d’assistante sociale, Madeleine veut relier son travail à sa foi chrétienne et servir au-delà des seuls besoins humains. Cependant, elle souligne, en 1937, la nécessité d’actions collectives pour faire évoluer les politiques sociales et préparer le chemin à tel texte légal qui améliorerait l’état familial de toutes les familles nombreuses connues ou inconnues de nous.

Lors du Second conflit mondial, Madeleine se retrouve responsable des services sociaux de la mairie communiste d’Ivry, puis d’autres communes de la banlieue parisienne. Son organisation, son énergie et son esprit précurseur sont tels que même le gouvernement de Vichy lui demande de former des assistantes sociales.

 

Missionnaire de banlieue, elle est une figure marquante de la spiritualité française du 20e siècle.

Mais, à la fin de la guerre, elle démissionne de toutes ces activités pour mener sa vie apostolique et vivre la parole de Dieu pour rejoindre sur n’importe quel terrain, n’importe lequel de nos frères.

L’écriture d’articles, de livres occupent toute sa vie et lui permettent d’exprimer sa pensée tels que : Nous autres, gens des rues, Missionnaires sans bateau, La Joie de croire… Elle y souligne notamment la difficulté pour les Chrétiens engagés dans des vies professionnelles denses à vivre leur foi au cœur des grandes agglomérations.

Discernement, chaleur humaine et fermeté, font qu’elle est sollicitée pour l’accompagnement spirituel d’Equipières, de jeunes, de prêtres ouvriers…

Sa connaissance du marxisme l’amène à faire conférences et publications. Elle est une des premières chrétiennes à engager le dialogue avec les marxistes.

La cause de sa béatification a été introduite en 1987 et suit son cours au Vatican.

Voici le chemin hors norme de cette femme poète, assistante sociale et mystique dont la foi a rayonné au plus près des nécessiteux. Son influence diffuse mais bien réelle fait d’elle, l’une des figures marquantes de la spiritualité française du 20e siècle.

Ses textes de spiritualité demeurent d’actualité partout dans le monde d’aujourd’hui.

 

 

Chaque petite action est un événement immense où le Paradis nous est donné, où nous pouvons donner le paradis. Qu'importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir ; parler ou se taire ; raccommoder ou faire une conférence ; soigner un malade ou taper à la machine. Tout cela n'est que l'écorce d'une réalité splendide, la rencontre de l'âme avec Dieu, à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu.

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)


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