Louis DARTIGE du FOURNET
Né le 2 mars 1856 à 20h30 (huit heures et demi du soir) à Putanges Orne 61
Selon acte n°5 – AD61 en ligne – 3NUMECEC 339/3 E 2_339_4 – 1833-1862 – vue 161/199
Décédé le 16 février 1940 à Périgueux Dordogne 24
Officier de marine, il dirige en 1915 une escadre au large de la Turquie
Son père, receveur de l’Enregistrement et des Domaines, est autorisé par décret présidentiel du 27 août 1877 à ajouter à son patronyme du Fournet, rappelant une de ses aïeules et le château familial du Fournet en Ille-et-Vilaine.
Il a 16 ans quand il entre, en 1872, à l’Ecole Navale, dont il sort major.
A 27 ans, alors qu’il est commandant de La canonnière, il force une passe et dégage ainsi le port de Bangkok. Ce fait d’armes contribue à attribuer à la France la rive gauche du Mékong (Laos, Thaïlande).
Puis Louis Dartige devient commandant du croiseur Surcouf de l’escadre du Nord.
En 1909, nommé contre-amiral, il dirige la flotte française de Méditerranée durant la guerre de Balkans (1912-1913). Pendant la Première Guerre mondiale, il est à la tête de la 3e escadre française basée en Syrie pour faire appliquer le blocus des côtes turques décrété en août 1915.
Parmi les trois millions d’Arméniens chrétiens persécutés par l’Empire Ottoman, ils sont environ 5 000 à s’être rassemblés, hommes, femmes, enfants, vieillards, au sommet du mont Mousa Dagh (ou Mont Moïse) pour résister au génocide entrepris par les Turcs. Au bout de quarante jours passés dans la montagne, les Arméniens ont épuisé munitions et nourriture. Combattants, femmes et enfants descendus sur le rivage sont acculés à la mer, seule issue possible de secours.
Sa nature humaniste le porte à être sauveur des Arméniens.
Le 5 septembre 1915, un bâtiment de la marine française qui croise dans le golfe aperçoit les signaux de détresse des malheureux qui ont déployé sur les rochers, deux draps de lit dont l’un indique Chrétiens en détresse… au secours !
Un représentant des Arméniens monte à bord du croiseur qui s’est approché de la côte. Il décrit leur situation désespérée au commandant de l’escadre, Louis Dartige du Fournet qui, sans attendre les ordres qui ne viennent pas, décide, au risque de sa carrière, d’embarquer tous les réfugiés.
L’embarquement sur les cinq navires se fait les 12 et 13 septembre 1915. Et sous les balles turques, tout juste mises en échec par les coups de canon de la Marine, 4085 Arméniens sont embarqués en seize heures, dans les chaloupes avant d’être transbordés sur les navires. Là, ils sont nourris et soignés.
Les marins de la 3e escadre donnent le meilleur d’eux-mêmes pour réussir ce sauvetage.
Tous les Arméniens seront débarqués à Port-Saïd en Egypte.
Ce sauvetage est l’une des premières missions humanitaires de l’histoire selon la déclaration en 2010 d’Hubert Falco, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants.
Tombé en disgrâce puis réhabilité
Par la suite Louis Dartige du Fournet devient commandant en chef des flottes alliées d’Orient dans le Bosphore. Mais il est démis de ses fonctions suite à l’embuscade où tombent les soldats alliés à Athènes en 1916.
Son acte de courage envers les Arméniens a-t-il provoqué cette disgrâce ?
Il est qualifié de sauveur des Arméniens par le pasteur Dikan Andreassian dans son ouvrage paru en 1932.
Réhabilité à la fin de la Première Guerre mondiale, il se retire à Périgueux où il décède en 1940.
En cette période de commémoration du centenaire du génocide arménien qui a fait 1,3 millions de morts, voici un aperçu du chemin de vie de Louis Dartige du Fournet.
En homme profondément humaniste et préoccupé de justice sociale, il a l’art de commander avec finesse, diplomatie et aussi indépendance d’esprit. Servi par une grande intuition, il est adaptable à tout contexte et ses décisions sont avant-gardistes. Faire ce qui ne s’est encore jamais fait est dans sa nature soucieuse de ce qui est bon pour le devenir humain.
La présente fiche se veut un modeste hommage à cet officier auteur d’une « décision historique » et aussi un hommage posthume aux migrants naufragés disparus par milliers en Mer Méditerranée en ce début de 21e siècle, pour avoir cherché une vie meilleure et le bonheur.
Louis Dartige du Fournet en couverture du Petit Journal en 1916, peu avant d’être démis de ses fonctions.
Sources documentaires :
Wikipédia
Hebdomadaire Le Pèlerin n°6908 du 230415
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
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