Frédéric Charles Antoine DARD dit
SAN-ANTONIO
né le 29 juin 1921 à 18 heures à Jallieu
(devenu Bourgoin-Jallieu) Isère 38
selon acte n°52
Décédé le 6 juin 2000 à Bonnefontaine en Suisse
Il débute dans la vie avec un handicap physique puis, devenu journaliste, il écrit son premier roman en 1940
Son père ouvrier monte son entreprise de chauffage central et sa mère est fille d’agriculteurs.
L’accouchement est difficile et Frédéric naît avec un bras inerte. Pendant toute son enfance, on le considère comme un infirme. « Les copains ne voulaient pas de moi. J’étais la risée. Et je n’osais pas aller vers les filles à cause de ça. C’est une humiliation inguérissable. Dans ma tête, je resterai toujours le-petit-garçon-au-bras-qui-pend. »
Ses parents, occupés par leur affaire, le font élever par la grand-mère dont il gardera le souvenir ému et le goût de la lecture. Mais la crise financière de 1929 ruine la famille qui doit migrer à Lyon où le jeune Frédéric se retrouve à faire, sans conviction, des études commerciales.
Puis, en 1938, par relations familiales, il est embauché comme secrétaire de rédaction puis courtier en publicité pour un journal lyonnais. Il approche ainsi ce métier de journaliste qui l’attire depuis l’enfance. Devenu lui-même journaliste, il publie son premier roman « La Peuchère » en 1940.
C’est le roman « Monsieur Joos » qui lui apporte la notoriété.
F. Dard sur la fresque des lyonnais, rue de la Martinière
C’est en 1940, que naît l’auteur « SAN-ANTONIO » et avec lui « Béru » et « Pinaud »…
Il se marie en 1942 avec Odette Damaisin avec qui il a deux enfants. Divorcé en 1968, il se remarie en 1969 et part habiter en Suisse. De ce mariage, il a une fille.
Son premier San-Antonio « Réglez-lui son compte » paraît en 1949. Frédéric Dard choisit ce pseudonyme en faisant jouer le hasard sur une carte du monde, son doigt pointe sur la ville de San Antonio au Texas.
Dès lors, San-Antonio devient le personnage principal d’une importante série de romans au succès immense. Sous le prétexte d’aventures policières ou d’espionnages mouvementées, il met en scène une galerie de personnages truculents : l’énorme Bérurier dit « Béru », le lamentable Pinaud…
Il invente, à base d’argot, sa propre langue. Il se fait sculpteur de mots et de phrases, avec l’art du calembour tonitruant, de la cocasserie, dans un style unique. Il ragaillardit la langue française.
Devenu riche et célèbre, il côtoie les notoriétés mais garde l’âme des simples :
« Dans ma tête, je reste le fils d’un serf. Je ne serai jamais du monde des puissants, des distingués, des bien-nés. Je les côtoie, je les utilise dans mes bouquins, mais je ne m’y mêle pas. »
Quelques titres évocateurs :
Le Standinge selon Bérurier en 1965
Les clés du pouvoir sont dans la boîte à gants 1981
La vieille qui marchait dans la mer
Napoléon pommier
Cet auteur à la larme facile connaît un succès considérable
avec 300 romans tirés à 220 millions d’exemplaires
Auteur prolifique, ses romans plaisent et il devient un monument du polar burlesque. Il publie durant sa vie plus de 300 romans, tirés à 220 millions d’exemplaires. On lui doit une vingtaine de pièces de théâtre, seize adaptations pour le cinéma.
Dès lors, l’écriture ne le lâche plus ou plutôt, elle le maintient en vie. Car avant d’être un homme de lettres, il est un homme de larmes.
En effet, il reconnaît : « si je n’avais pas été écrivain, je serai professeur de chagrin… Ecrire est tellement lié à ma vie quotidienne que si je devais arrêter, je crois que j’en mourrais. » L’outrance l’apaise. Il se soigne à l’écriture. Il écrit au rythme de trois ou quatre ouvrages par an.
Devenu riche, célèbre et comblé, il demeure homme à la larme facile et à l’émotion surabondante. Se foutant du qu’en-dira-t-on, il chiale en public quand il attrape l’angoisse comme une grippe.
Vu aujourd’hui comme l’héritier de Rabelais et de Céline, avec ses écrits, il réconcilie le grand public et l’université. Ses polars égrillards, sauvent des désespérés, font sourire les condamnés, rapprochent les intellos parisiens des bidasses permissionnaires. Des témoignages écrits de ses lecteurs l’attestent.
Depuis son décès, c’est son fils Patrice qui poursuit l’écriture des « San-Antonio ».
« Je n’ai jamais écrit pour entrer à l’Académie française
mais pour être vendu, dans la poussière, au fond de l’Afrique,
à des gens pauvres qui ont besoin d’un peu de bonheur, de plaisir et de rire. »
(Logiciel AUREAS AstroPC Paris)
|