Il inscrit son nom dans l’histoire de France, en 1899, pour avoir voulu à coup de canne renverser à la fois le président Emile Loubet et pourquoi pas… la République.

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Baron Fernand de CHRISTIANI
Né Isidore, Fernand CHEVREAU baron de CHRISTIANI

Le 16 janvier 1857 à 2h du matin à Corbeil Essonne 91
Selon acte n°11 – AD91 en ligne – 4 E 0668 – vue 6/81

 Décédé le 30 juin 1928 à 16h30 à Paris 7e
Selon acte n°1153 – Archives de Paris en ligne – 7 D 187 1928 – vue 26/31

 

 

Rentier bonapartiste actif militant antidreyfusard

Surexcité à l’idée de voir réviser le procès Dreyfus

Je sais qu'on va me mettre en prison ; mais je recommencerai.

Un impulsif déterminé aux convictions bien arrêtées

 

 

Rentier bonapartiste actif militant antidreyfusard

C’est par son grand-père, fait baron d’Empire en 1810, que Fernand hérite de ce titre nobiliaire.

La fortune familiale lui permet une vie de rentier ; il est aussi un sportif passionné d’escrime et de chasse ainsi que de sciences et d’œuvres d’art qu’il collectionne.

Réputé bonapartiste, il prétend ne pas s’occuper de politique, mais se mêle activement à l’agitation antidreyfusarde en 1899. C’est l’année où Emile Loubet vient d’être élu président de la République à la suite du décès brutal de son prédécesseur Félix Faure.

 

Surexcité à l’idée de voir réviser le procès Dreyfus

Le baron de Christiani fréquente l’un des clubs élitistes et monarchistes de la capitale nés sous le Second Empire et proches des milieux hippiques.

Justement, dimanche 4 juin 1899, se court à Auteuil le Grand Steeple-chase auquel assiste le tout nouveau président de la République qui s’est déclaré favorable à la révision du procès Dreyfus. Cette révision devient possible grâce à l’arrêt rendu la veille par la Cour de Cassation.

Parmi la foule venue à l’Hippodrome d’Auteuil, on estime qu’il s’y trouve  100 à 300 antidreyfusards issus des cercles monarchistes et bonapartistes qui veulent montrer leur hostilité au tout nouveau chef de l’Etat.

 


L’agression du président Emile Loubet par le baron Christiani
Le Petit Journal 18 juin 1899

 

Leurs cris et l’agitation déclenchée provoque l’intervention de la police suivie d’une bagarre. Au bout d’une demi-heure de confusion, la brigade présidentielle intervient pour dégager le chef de la police municipale, ce qui laisse un temps Emile Loubet sans protection.

 

Je sais qu'on va me mettre en prison ; mais je recommencerai.

Le baron Christiani en profite pour s’élancer canne au poing, vers la tribune présidentielle. Gêné par la balustrade et par des témoins qui tentent de s’interposer, il ne parvient pas à frapper Loubet. Néanmoins, la canne du baron atteint le chapeau présidentiel tandis que Marie-Louise Loubet et l’épouse de l’ambassadeur d’Italie sont bousculées.

Arrêté, passé à tabac par les policiers, le baron conduit au poste de police déclare : C'était mon idée. Si nous avions été une quarantaine, nous aurions enlevé la tribune. Je sais qu'on va me mettre en prison ; mais je recommencerai.

Jugé le 13 juin, par la chambre correctionnelle, Christiani s’abstient de toute justification politique et prétend n’avoir cédé qu’à une excitation brusque.

Il est condamné à une peine sévère de quatre ans de prison. Pendant son incarcération, il passe son temps à lire et à peindre. 

Il est libéré le 24 mars 1900, gracié par le président Emile Loubet, par volonté d’apaisement dans le cadre de l’affaire Dreyfus qui demeurera une symbolique de l’erreur judiciaire provoquant en outre, une crise politique et sociale majeure dans la France du début du 20e siècle.


L’arrestation du baron Christiani le 10 juin 1899 – Le Monde Illustré

Demeuré célibataire, il décède en 1928. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise et sa collection d’œuvres d’art est léguée pour grande partie au musée du Louvre.

 

 

Un impulsif déterminé aux convictions bien arrêtées

Le baron Christiani, amateur de notoriété et appuyé sur ses idées aussi instinctives qu’intransigeantes, ne craint guère l’affrontement conflictuel.

Gardien d’un ordre établi, aux convictions bien arrêtées et à l’âme narcissique, il est attiré naturellement par le débat houleux de l’affaire Dreyfus.

Inspiré par l’art, il y trouve une détente jouissive et aussi matière à collectionner et conserver les pièces de valeur.

Côté activité physique, il est attiré par l’escrime et la chasse, autant de sports exigeant concentration, détente brusque et rapide pour porter des coups bien ajustés.

Ainsi le baron Christiani, par son caractère impulsif et déterminé, aux idées carrées s’est senti  naturellement interpelé par le débat passionnel de l’affaire Dreyfus, pour y défendre avec vigueur et conviction un certain ordre établi.

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 


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