Sa manie du poison coûte la vie à un jeune ténor belge promis à un brillant avenir.
Mystérieuse empoisonneuse, hystérique, ou vieille fille jalouse ?

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Marie BOURETTE
Née Marie Louise Aurélie BOURETTE

Le 14 mai 1870 à 18h à Champigny-sur-Marne 94 – Val-de-Marne
Selon acte n°39 – AD94 en ligne – 1861-1870 - 1M I 1006 – vue 161-162/171 – source Marc Brun

 

 

"Oh ! Si jamais quelqu'un me faisait des misères, je l'empoisonnerais! Ce n'est pas difficile".

L’antalgique empoisonné tue par erreur un célèbre chanteur lyrique

Condamnée aux travaux forcés, sa folie l’amène en asile psychiatrique

Entre narcissisme et instinct diabolique

 

 

"Oh ! Si jamais quelqu'un me faisait des misères, je l'empoisonnerais! Ce n'est pas difficile".

C’est abominable ! Surtout ne revenez jamais ! répond Monsieur Doudieux à Marie Bourette saisie d’une colère menaçante.

Doudieux prie cette ennuyeuse singulièrement collante, de ne plus venir le voir et ne plus lui écrire.

Cette vendeuse de jupons au Louvre, qui vient d’être licenciée pour vol, quémande de l’aide à ce marchand de meubles qui semble avoir parlé mariage à cette blondinette rencontrée lors d’achats dans le magasin du Louvre en 1901.

Doudieux, alors jeune et fringant garçon vite oublieux de ce début de romance, se marie. Il a bien reçu moult lettres anonymes lors de ses fiançailles mais sans songer à la petite vendeuse du Louvre.

De son côté Madame Doudieux a été aussi destinataire de propos injurieux nés sous la plume tourmentée et vengeresse de Marie Bourette.

Mais celle-ci, solitaire, voyant s’évanouir ses rêves de jeunesse et de vie à deux au fur et à mesure que des cheveux gris se mêlent à ses mèches blondes, guette, tapie dans l’ombre jusqu’à ce jour de septembre 1908 où une boîte de chocolats fourrés d’arsenic arrive chez les Doudieux.

Un an plus tard, le 13 octobre 1909, un petit paquet de médicaments déposé sur un massif du jardin est trouvé par la bonne des Doudieux qui songent à une erreur du pharmacien et range les produits au font d’un tiroir.

 

L’antalgique empoisonné tue par erreur un célèbre chanteur lyrique

En ce mois d’octobre 1909, la quinzaine de l’aviation bat son plein à Juvisy où des fous volants tels que Hubert Latham, le Comte de Lambert… enthousiasment les foules.

Belle occasion de sortie pour les Doudieux invités à déjeuner par un voisin où se trouve aussi Jules Godart ténor de l’Opéra, avec son épouse, avant de filer en automobile voir le meeting aérien.

Au retour, souffrant de migraine, le chanteur demande aux Doudieux de rester chez eux jusqu’au lendemain. A défaut d’autre antalgique, Mme Doudieux lui propose des cachets d’antipyrine (ceux trouvés dans le paquet de médicaments).

Après d’effroyables convulsions, le ténor meurt à 4h du matin le 22 octobre 1909 et le médecin conclut à une crise foudroyante d’urémie.

Le chanteur lyrique spécialiste des grands rôles wagnériens et consacré à l’Opéra de Paris, est inhumé en Belgique. Il a 31 ans.

 


Procès de Marie Bourette portant chapeau à plumes noires.

 

Condamnée aux travaux forcés, sa folie l’amène en asile psychiatrique

L’affaire en serait restée là, s’il n’y avait pas eu ce colis de moules expédié en novembre 1909 par M. Larue, fabricant de meubles à Caen. Étonné de cet envoi, Doudieux interroge l’expéditeur avec qui il n’a plus de relations depuis bien des années.

Les moules analysées contiennent de l’arsenic comme les chocolats. Cette fois, Doudieux dépose plainte et l’écriture de Marie Bourette est identifiée comme l’expéditrice.

La perquisition menée chez elle permet de trouver une collection de poisons et de brouillons de lettres anonymes dont elle arrosait volontiers son entourage.

Lors de son procès à la Cour d’Assise de la Seine en juillet 1910, loin d’être une vieille fille farouche et haineuse, elle se présente plutôt comme une matrone joviale coiffée d’un énorme chapeau, qui clame son innocence et nie toutes accusations, malgré les preuves accablantes.

Les dommages intérêts pour la veuve Godart ne seront jamais versés, car peu après son incarcération, Marie Bourette est internée pour folie en asile psychiatrique.



Arrestation de Marie Bourette

 

 

Sources documentaires :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Bourette
http://histoire-vesinet.org/procesbourette.htm
https://www.retronews.fr/faits-divers/echo-de-presse/2017/10/10/lempoisonneuse-marie-bourette-et-sa-haine-de-vieille-fille

 

 

Entre narcissisme et instinct diabolique

 Entre possessivité et mystères, entre rêves et réalités, le tempérament de Marie Bourette est très représentatif de son parcours de vie fortement marqué par l’axe Taureau-Scorpion (Lune asc. + 4 planètes et Lune noire).

 De puissantes forces instinctives agissent en elle, entre narcissisme, imaginaire machiavélique et possessivité inassouvie, dans un fonctionnement assez fixe.

 Foncièrement mystérieuse mais ouverte largement vers les autres (travaille dans le commerce), elle aime distiller des potins de façon sournoise et mystérieuse pour semer ou entretenir discorde et conflit.

C’est pour elle, une sorte de jouissance secrète (Mercure/Jupiter-Gémeaux)

 Par ses lettres anonymes et à son procès, elle se montre habile en écriture et les réparties verbales lui sont faciles.

 Jamais prise au dépourvu, elle est jugée déconcertante, comme habitée par un double personnage niant et déformant la réalité malgré des preuves accablantes.

 Son apparente fragilité psychique s’appuie sur une autorité naturelle et une forte détermination (Lune avec Uranus/Cancer).

 

Avec Marie Bourette, s’illustre la « névrose de l’empoisonneuse ».

 

 

Merci à Marc Brun pour ce signalement

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

 

Retrouvez l'acte sur les Archives Départementales Françaises en ligne

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