Sur la piste cendrée des stades, cet athlète s’est fait demi-dieu
et sa mort aux combats de 1914 signe le héros de légende.

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Jean BOUIN
Né Alexandre, François, Étienne, Jean BOUIN

le 21 décembre 1888 à 1h du matin à Marseille 13 Bouches-du-Rhône
Selon acte n°1045 – AD13 en ligne – 201 E 5518 – 1888 – décembre

 Décédé le 29 septembre 1914 à Xivray Meuse 55

 


Jean Bouin en 1913 – source Wikipédia

 

« Arrête-toi de courir grand fada ! Courir, cela ne te rapportera jamais rien !

A 15 ans, il remporte 14 des 17 courses où il s’engage

Il fait tomber plusieurs records de France en une seule tentative

Pour la Patrie, du sacrifice du stade au sacrifice de la guerre

Un combattant à la fibre humaniste

 

 

« Arrête-toi de courir grand fada ! Courir, cela ne te rapportera jamais rien !

En une décennie, sur les pistes de stades d’athlétisme, il décroche 7 records du monde et remporte trois fois de suite le Cross des Nations, avant de succomber pour la Patrie lors de la 1ère bataille de la Marne, à moins de 26 ans.

A l’école des Chartreux dans le quartier des Cinq Avenues, il a pour instituteur Joseph Pagnol, père d’un Marcel qui de sa plume incomparable fera chanter tout le Midi.

Le jeune Bouin, future gloire de l’athlétisme français, s’exerce déjà dans la cour de l’école au grand dam de son instituteur qui le tance :

 Arrête-toi de courir grand fada ! Va jouer aux billes avec tes copains. Courir, cela ne te rapportera jamais rien !

Dès l’adolescence, Jean Bouin s’adonne avec ardeur à divers sports dont le vélo, l’escrime et à la gymnastique.

Le goût pour l’athlétisme lui vient un jour d’octobre 1903 quand il se rend au parc Borély, voir l’entraînement des marathoniens dont le Marseillais Louis Pautex qui deviendra son mentor. Dès lors, il commence à pratiquer et participe à la création du Club athlétique de l’école de l’Industrie.

Recordman du monde et spécialiste de la course de fond, le Britannique Alfred Shrubb est alors son idole.

 

A 15 ans, il remporte 14 des 17 courses où il s’engage

A 15 ans, il remporte son 1er succès en course pour un cross de 10.000 m avec handicap.

Ce gamin hors du commun est repéré par un banquier de la Société Générale de la Canebière, qui lui offre un emploi de coursier. Avec son nouveau club Le Phocée Club de Marseille, les succès s’enchaînent et en 1904, il remporte 14 des 17 courses auxquelles il participe.

Convaincu par son beau-père Galdini - second mari de sa mère - de participer à une course à Gênes en Italie en juin 1905, Jean Bouin y est vainqueur mais s’aperçoit que Galdini a déjà encaissé le prix de sa victoire. Parti en train, l’athlète sans un sou en poche doit rentrer à pied, vivant de l’hospitalité des riverains.

Dès lors, il quitte la demeure familiale et s’installe un temps avec sa compagne Rose Granier chez les parents de son ami Joseph Granier.

A 17 ans, il remporte un 5.000 mètres en 18’20’’.

 


Jean Bouin Racing club de France pendant sa tentative du record de l'heure le 30 mai 1909.

 

Il fait tomber plusieurs records de France en une seule tentative

Fait exceptionnel, sur piste à Colombes, le 30 mai 1909, Jean Bouin parvient à battre plusieurs records de France lors d’une seule et même tentative de record de l’heure.

Cette année-là, un chronomètre en or gravé de ses initiales « J.B. » lui est offert par des admirateurs marseillais. Et quand le 13 septembre 1914, Jean Bouin s’apprête à prendre le train pour partir à la guerre, il croise sur le quai son cousin Louis Bouin à qui il remet ce précieux cadeau.

Précurseur de la méthode naturelle, Jean Bouin court en pleine nature à travers les forêts et en terrain varié une vingtaine de kilomètres par jour. Outre cet entraînement, il s’intéresse à l’alimentation et à l’hygiène de vie qu’il évoque dans son livre Comment on devient champion de course à pied, paru en 1912.

 


Georges Hébert
(à gauche) et Jean Bouin en toge au Parc Pommery à Reims en 1913.

 

Au cours de sa prodigieuse carrière, Jean Bouin a battu trente-huit records de France en particulier sur le 2 000 mètres, le 3 000 mètres, le 5 000 mètres et le 10 000 mètres.


Jean Bouin vainqueur du Cross des Nations en 1913 à Juvisy.

 

Pour la Patrie, du sacrifice du stade au sacrifice de la guerre

Paris se fait incontournable pour qui a une âme de champion.

Et à ce brillant athlète de 21 ans un nouveau poste est proposé par son employeur dans la capitale où il s’installe en 1913 avec sa compagne Rose Granier. Là, il se lie d’amitié avec un autre Marseillais Jérôme Peyre dit Pastaïre, boulanger reconverti en masseur, avec une clientèle de célébrités.

Vedette des stades d’athlétisme, Jean Bouin devient vite l’ami des stars du Tout-Paris telles que Maurice Chevalier, Mistinguett ainsi que Georges Carpentier, autre géant du sport tricolore qui en 1920 sera le 1er champion du monde de boxe français.

Le 6 juillet 1913, il épate tout le monde en battant le record du monde de l’heure à Stockholm et du coup devient le 1er à dépasser les 19 kilomètres en une heure.

Son retour gare du Nord est triomphal.

Mais 1914 arrive et l’ambiance est à la guerre. Mobilisé le 2 août, Jean Bouin le battant, ne se voit pas « rester à l’arrière » - comme on le lui propose - il exige d’aller dans une unité combattante. Il sera messager chargé de transmettre les courriers entre les différentes lignes de front.

Pas pour longtemps.

Le 29 septembre des éclats d’obus anéantissent cet athlète d’exception qui a passé sa courte vie à se battre pour l’honneur de son pays.

Rose Granier se rend près du Front pour identifier la dépouille de son ami. Mais il lui faudra 4 ans de procédure pour récupérer l’héritage que Jean Bouin lui a légué, suite à une contestation de son beau-père Galdini.

De nombreuses enceintes sportives honorent sa mémoire.

 

Sources documentaires :
https://amities-francophones.clicforum.com/t28031-Comme-beaucoup-de-membres-du-midi-voici-Marseille-et-son-histoire-par-la-philat-lie.htm?start=60

Wikipédia

 

 

Un combattant à la fibre humaniste

Le thème natal de Jean Bouin le dote de belles qualités « d’homme de l’air » où Sagittaire, Verseau, Uranus et Mars prennent toute leur place.

L’art de la compétition colle à la peau de cet idéaliste indépendant.

Il passe sa brève carrière sportive à inscrire en premier ce qui ne s’est encore jamais fait en athlétisme.

S’entraîner en pleine nature, battre plusieurs records en une seule tentative, décrocher un palmarès de 38 records de France, 7 titres de champion du monde…, illustrent bien le tempérament de ce sportif hors du commun et bien dans sa peau.

Doté d’une exceptionnelle énergie et libre dans sa tête, il donne le maximum pour s’améliorer toujours.

L’amitié est pour lui valeur sûre et indéfectible.

Et quand sonne l’heure du combat meurtrier de 1914, comment imaginer que ce phénoménal athlète va se contenter d’être à l’arrière-plan ?

Pour Jean Bouin, pas de demi-mesure. Solide dans ses convictions, il choisit sa route avec détermination quoiqu’il arrive. C’est au plus près du front qu’il lui faut agir pour défendre l’honneur de sa Patrie et de ses habitants.

Et par le talent du Sagittaire, le voici facteur-bienfaiteur à porter le courrier qui relie les humains entre eux.

Quitte à se sacrifier tel Prométhée, ce bienfaiteur de la race humaine qui a volé le feu de la connaissance pour le porter aux humains.

 

Hommage à Jean Bouin véritable météore qui a illuminé l’athlétisme.

 

La Poste lui a rendu hommage en lui dédiant un timbre

 

 


(
Logiciel AUREAS AstroPC Paris)

  


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